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Destinataire(s) : François Durovray (ministre des Transports), Mme Pannier-Runacher (ministre de « la transition écologique, de l’Energie, du Climat et de la Prévention des risques); Annie Genevard (ministre de l’agriculture)

Non à la destruction des forêts pour faire voler des avions !

Sommé par l’Europe de réduire son recours aux énergies fossiles, le secteur aérien n’a rien trouvé de mieux que de vouloir faire voler les avions avec du kérosène produit à partir de biomasse forestière.

Un complexe industriel de production de kérosène pour les avions et de méthanol pour les bateaux, appelé E-CHO, risque d’être mis en service à Lacq en 2027 par Élyse Energy. Il utiliserait 300 000 t par an de matière ligneuse sèche provenant de résidus de coupes d’arbres pour ne fournir qu’environ 1 % des besoins annuels des aéroports français.

Un deuxième projet, va également s’attaquer à nos forêts : nommé BIOCHAR, porté par Miraïa, il se situerait à Garlin. Il s’agirait de pyroliser 135 000 tonnes de bois/an pour en extraire 20 000 tonnes de biochar (bio-charbon de bois). 

Détruire définitivement nos forêts pour contribuer de manière dérisoire et marginale à la fertilisation
des champs ou à la  transition énergétique du secteur aérien est une folie ! Il faut abandonner ce type de projet industriel qui ne sert que les intérêts économiques du secteur aérien, de l'agro-industrie ou de la sylviculture industrielle, et revoir les réglementations qui le rendent possible !

Pourquoi faut-il agir maintenant ?

Actuellement, il y a en France plusieurs projets similaires de production de carburants d'aviation synthétiques à base de biomasse forestière, alors même que d’autres acteurs économiques en sont également de plus en plus gourmands (bois énergie, centrales à biomasse, biochar, bois d’œuvre...). Nos forêts, déjà menacées par le réchauffement climatique, ne sont malheureusement pas extensibles. 

La forêt doit à tout prix être préservée car son rôle de régulateur du climat est primordial. Seul écosystème, avec les océans et les sols non exploités, capable d’absorber le CO2 produit par les activités humaines, elle est de plus en plus impactée par le réchauffement climatique. Selon l’Inventaire Forestier National, en 10 ans, la mortalité des arbres a augmenté en France de 80 %! Au moment où de plus en plus d’incendies ravagent les poumons verts de la planète, où le réchauffement s’emballe, comment pouvons-nous envisager de détruire ce qui reste de puits de carbone pour produire du kérosène ? 

Quand on abat en coupe rase un hectare de forêt française au cours d'une année on fait immédiatement disparaître un puits de carbone capable d'absorber environ 500 tonnes de CO2. Un projet comme celui d’Élyse, en abattant des milliers d'hectares d'arbres par an, détruit donc un puits de carbone qui séquestre des millions de tonnes de CO2 chaque année. 

Cette destruction massive de la forêt représente une grande menace pour le climat, car les puits de carbone forestiers, une fois épuisés, n’auront pas le temps de se reconstituer par reboisement d'ici 2050. Pourtant, la période de temps qui nous sépare de 2050 est cruciale pour notre avenir à tous. Elle est celle pendant laquelle tous les efforts doivent être faits pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre dues aux activités humaines et accroître les puits de carbone naturels afin de maintenir l’augmentation des températures de la terre en deçà de 2°C. 
 
Par ailleurs, nous devons collectivement être attentifs à l’appétit de la sylviculture industrielle qui voit dans ces projets écocides une ouverture de marché juteux. La « gestion » de nos écosystèmes forestiers qu’elle propose, à base de coupes rases, est contraire aux préconisations de l’Académie des sciences. 
 
Enfin, rappelons que seuls 23 % des Français.es prennent l’avion au moins une fois par an et une majorité se déclare prête à moins voler. Raser de grandes surfaces de forêt pour pouvoir poursuivre la croissance du secteur aérien n’est pas soutenable. Malgré ses dires, l’avion décarboné n’est pas pour demain, là où il y a urgence à sanctuariser nos forets. Il n’y a donc pas d’autre solution à court et moyen terme que de mettre un coup d’arrêt à la croissance du trafic aérien et de le réduire progressivement pour limiter ses impacts environnementaux. A ce sujet, les instances européennes doivent donc également cesser de considérer la forêt comme une matière première dans laquelle on peut puiser à l'infini, sans tenir compte de son rôle essentiel pour le climat. 

A travers cette pétition, nous demandons : 
 1. Au gouvernement de ne pas subventionner ces projets désastreux pour la forêt et le climat avec l’argent du contribuable. 

 2. A l’Assemblée nationale de voter une loi de protection de la forêt qui suivra les recommandations de l’Académie des sciences, en établissant un ordre des priorités pour l’utilisation de la biomasse forestière, en évitant au maximum sa mobilisation pour des débouchés énergétiques et en interdisant son usage pour la production de carburants de synthèse. 

Et urgemment, nous demandons l’arrêt du projet E-CHO à Lacq, du projet Hynovera à Gardanne et de tous les autres projets du même type.
64170 Lacq, France

Maps © Stamen; Data © OSM and contributors, ODbL

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