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Destinataire(s) : Mesdames et Messieurs les maires, députés, sénateurs, ministres

Un désastre écologique dans les Alpes

À l’heure où chaque euro public doit être un levier vers un monde soutenable, continuer le chantier entre Lyon et Saint Jean de Maurienne revient à investir dans un désastre écologique dont nous ne pourrons ni racheter le coût environnemental, ni effacer les cicatrices laissées dans nos montagnes. 

Pourquoi faut-il agir maintenant ?

 Dans un contexte de crise climatique mondiale, alors que chaque euro et chaque décision publique doivent s’inscrire dans une logique de sobriété écologique, le chantier de la ligne ferroviaire Lyon – Saint-Jean-de-Maurienne du projet Lyon-Turin illustre tragiquement l’exact opposé. Ce projet, dont la légitimité repose sur des hypothèses vieilles de 35 ans, cumule aujourd’hui surcoûts, retards abyssaux, et surtout, des effets environnementaux désastreux qui en font une aberration climatique et écologique. 

1. Une atteinte irréversible aux écosystèmes alpins 
La construction des 190 km de tunnels nécessaires à ce projet, notamment sous les massifs de Belledonne et de Chartreuse, va entraîner : 

  • La destruction massive de terres agricoles : ces zones, déjà rares dans les vallées alpines, seront bétonnées à jamais, menaçant la souveraineté alimentaire locale.
  • La fragmentation et la disparition d’habitats naturels : l’écosystème alpin, riche mais fragile, sera irrémédiablement perturbé par les travaux, les pollutions sonores, lumineuses et les poussières générées.
  • L’assèchement ou la pollution de nombreuses sources d’eau : les chantiers ont déjà montré leur capacité à altérer durablement les nappes phréatiques, au risque d’impacter la biodiversité aquatique et l’usage humain.
  • L'émission massive de gaz à effet de serre : le creusement des tunnels générera à lui seul plus de 10 millions de tonnes de CO₂, une empreinte carbone impossible à compenser avant 2067 voire 2092 selon les estimations officielles – et ce, dans le meilleur des cas.

2. Un projet dépassé par les réalités technologiques et climatiques
Les arguments avancés dans les années 1990 pour justifier cette nouvelle infrastructure sont aujourd’hui caducs :
 
  • Le fret routier est en pleine mutation : les camions électriques et hydrogènes, imposés par les normes européennes de 2024, représenteront la majorité du trafic dès 2040. L'avantage écologique du rail s’amenuise fortement dans ce contexte.
  • Les prévisions de trafic étaient fausses : contrairement aux projections alarmistes de saturation, le trafic fret transalpin est resté quasi stable depuis 30 ans. La voie historique du Fréjus, modernisable à moindre coût, reste sous-utilisée.
Construire aujourd’hui une ligne aussi coûteuse pour une promesse climatique dans… 60 ans, c’est tout simplement irresponsable.
 
3. Une dépense publique ruineuse et injustifiée
Le coût de la seule portion française Lyon–St Jean-de-Maurienne est désormais estimé à plus de 15 milliards d’euros, soit trois fois les estimations initiales. Cet investissement :
 
  • Ne profite pas aux usagers du quotidien, notamment les 2 millions d’habitants de la région Rhône-Alpes qui subissent encore des voies ferrées vétustes, lentes, à voie unique (entre Lyon, Chambéry, Annecy, Grenoble).
  • Ignore les recommandations des institutions : la Cour des Comptes européenne, le Comité d’Orientation des Infrastructures (COI) ou encore la jurisprudence récente sur les projets A69 et A680 pointent tous les failles écologiques, juridiques et économiques du projet.
  • Viole les principes fondamentaux de la Déclaration d’Utilité Publique, désormais obsolète (2013) et juridiquement fragile au regard des atteintes à la biodiversité.

4. Une alternative rationnelle existe
Plutôt que creuser des tunnels pour un projet livré en 2045 (ou 2050 ?), des solutions de bon sens sont proposées :
 
  • Moderniser l’axe Dijon – Ambérieux – Modane, déjà fonctionnel.
  • Doubler les voies existantes sur les tronçons clés (Lyon–Chambéry, Aix–Annecy).
  • Investir dans des infrastructures TER fiables pour les trajets du quotidien.
  • Réduire massivement les émissions dès 2030, sans attendre 2092.

Avec 12 milliards d’euros d’économie à la clé, ces solutions permettent un impact écologique positif immédiat, tout en répondant réellement aux besoins des habitants.

Conclusion
Le projet Lyon–Turin, dans sa portion française, n’est pas un projet d’avenir. C’est un héritage du passé, une vision centralisée et productiviste des grands travaux, déconnectée des urgences climatiques contemporaines. À l’heure où chaque euro public doit être un levier vers un monde soutenable, continuer ce chantier revient à investir dans un désastre écologique dont nous ne pourrons ni racheter le coût environnemental, ni effacer les cicatrices laissées dans nos montagnes. 
Lyon, France

Maps © Stamen; Data © OSM and contributors, ODbL

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Actualités

2025-04-14 15:44:36 +0200

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