1,000 signatures atteintes
Destinataire(s) : Ministère de la Transition écologique, Ministère de l'Agriculture, Chambre d'agriculture du Tarn-et-Garonne, SAFER Occitanie, Conseil départemental de Tarn et Garonne, Mairie de Saint-Antonin-Noble-Val
Stop au Greenwashing du bambou : un frein pour l’agriculture paysanne

Planter du bambou sous couvert de transition écologique c’est non ! Alors qu'une première plantation s’est installée dans les gorges de l’Aveyron et que d’autres essaiment déjà partout en France, il est urgent de s’opposer dès maintenant au développement de monocultures de bambous en demandant un moratoire. Avec un modèle économique qui repose en partie sur le système de la compensation et des crédits carbone, l'industrialisation du bambou menace l’agriculture paysanne tout autant que la biodiversité de nos campagnes. Agissons pour une transition qui ne soit pas une fuite en avant.
Pourquoi faut-il agir maintenant ?
Il y a quelques mois, l’entreprise France Bamboo faisait l’acquisition de plus de 50 hectares de terres à St-Antonin-Noble-Val (Tarn et Garonne) pour y implanter une vaste monoculture de bambous géants. Sur le papier tout semble relever de la belle histoire, cette entreprise fondée en 2023 par deux associés issus de l’immobilier et de la finance, annonce sur son site internet, vouloir « s’associer à la nature, pour construire ensemble un avenir durable » et contribuer à la « lutte contre le réchauffement climatique » (1). S’appuyant sur la capacité des bambous à séquestrer le CO2, les promoteurs de cette monoculture se donnent pour mission de « recréer des puits carbone dans nos régions ». Derrière cette initiative charitable et verdoyante, se cache en réalité un véritable greenwashing qui trouve dans le récit de la transition écologique, un nouvel eldorado ! Planter des bambous ne contribuera pas à ralentir le réchauffement climatique et pourrait même l’aggraver.
La monétisation du carbone ou l’illusion de la transition écologique
La culture du bambou repose en partie sur un modèle économique illusoire : la vente de crédits carbone (produit financier adossé à la séquestration du CO2). Après la plantation de ses premiers hectares de bambous cette année, l’entreprise France Bamboo annonce ses ambitions industrielles basées sur ce système : « Ce n'est que le début ! Notre vision est claire : atteindre 1 500 hectares cultivés dans 10 ans et capturer 4,5 millions de tonnes de CO2 au cours des 20 prochaines années » (2). En se fondant sur ces chiffres et une fourchette basse du prix du carbone en 2030 (3), cette activité pourrait rapporter à l'entreprise plusieurs millions d’euros par an. Au-delà de ces chiffres de séquestration fantaisistes au regard de la littérature scientifique (4), cette activité est jugée totalement inefficace pour sauver le climat. De nombreux experts comme Jean-Marc Jancovici (5) ou encore récemment la Science-based target initiative (SBTi) du Pacte mondial des Nations-Unies (6) ont conclu que le système de la compensation et des crédits carbone s’avère aussi inefficace que dangereux. Il donne l’illusion aux entreprises qu’elles pourraient continuer à émettre toujours plus de gaz à effet de serre dans l’atmosphère sans dégrader le climat, simplement en plantant massivement des arbres ou du bambou pour compenser leurs émissions (pour plus d'informations).
Un potentiel désastre pour la biodiversité et les sols
Dans le même temps, l’exploitation du bambou géant, une espèce traçante et envahissante, représente un risque écologique majeur. Sa capacité à se propager dans les cultures avoisinantes et à envahir les écosystèmes locaux, notamment les berges de cours d’eau, menace la biodiversité. L’expansion de cette plante pourrait altérer les sols et causer la destruction des forêts adjacentes comme le révèle une étude scientifique (7). À St-Antonin-Noble-Val, le manque de garanties quant à la gestion de ces risques, ainsi que l’absence de plans clairs pour la remise en état des terres après l’exploitation, ne font qu’aggraver l’inquiétude des habitants. Le bambou n’est pas une culture adaptée à notre terroir et ses impacts à long terme sur les sols pourraient être dévastateurs pour les exploitations agricoles locales. La perspective de terres rendues inexploitables pour des années en raison des racines profondes et des rhizomes de bambous est inacceptable.
Empêchons l’industrie du bambou de dévorer nos terres et menacer l’agriculture paysanne
Le développement d’entreprises du bambou comme France Bamboo ou Horizom, qui ambitionne de planter prochainement 50 000 hectares de bambou sur des terres agricoles (8), illustre une dynamique industrielle qui mettra à mal l’équilibre écologique et social de nos territoires. Nous le voyons déjà dans les gorges de l’Aveyron, avec l'implantation de France Bamboo qui s’est concrétisée aux dépens de petits agriculteurs. C’est pourtant sur eux que repose l’agriculture de demain... Ces nouvelles générations, conscientes des enjeux écologiques, garantiront notre souveraineté alimentaire par la diversité et la résilience de leurs cultures. Alors qu’un quart des agriculteurs ont plus de 60 ans et que 13 millions d’hectares pourraient changer de propriétaire dans les dix prochaines années (9), l’arrivée de ces industriels est une réelle menace. La taille et le prix de vente des exploitations sont devenus colossaux et inaccessibles pour la majorité des jeunes paysans qui souhaiteraient s’installer.
Un moratoire en urgence
Face à ces menaces graves, nous demandons en urgence un moratoire sur toute nouvelle implantation de monoculture de bambou tant que les impacts écologiques et sociaux des implantations en cours n’auront pas été évalués dans la durée et de manière indépendante. Signez cette pétition pour refuser que nos terres soient traités comme un terrain d’expérimentation pour une course au profit sous couvert d’une fausse transition écologique.
Pour aller plus loin, lire l'article du média Off Investigation.