La nécessaire sortie des énergies fossiles et la dette climatique des pays du Nord envers les pays du Sud seront au cœur des discussions lors de la COP28 en novembre prochain. Alors que le Sommet pour un nouveau pacte financier mondial a ouvert la voie à une taxation des secteurs les plus polluants, aucun engagement concret n’a été pris par les leaders politiques en ce sens.
Engagées pour la justice climatique, nos associations rappellent qu’il est nécessaire que les entreprises des énergies fossiles, principales responsables des émissions de CO2, paient pour le chaos climatique que leurs activités ont déclenché. C’est pourquoi nous demandons aux leaders politiques qui se réuniront à Dubaï en novembre de taxer les super-pollueurs : les entreprises du pétrole, du gaz et du charbon qui condamnent la planète tout en continuant à s’enrichir.
Pourquoi ? Il est grand temps que l’industrie des énergies fossiles contribue à réparer les dommages qu’elle a généré en finançant la réponse aux pires impacts climatiques subis par les populations du Sud. Le constat du dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) est très clair : il est urgent de stopper tout nouveau projet d’expansion du pétrole, du gaz et du charbon si on veut se donner une chance de rester sous 1,5°C de réchauffement climatique (2).
POURQUOI CIBLER LES ENTREPRISES DES ÉNERGIES FOSSILES ?
Depuis les années 70, beaucoup de ces entreprises ont publiquement nié l’impact catastrophique de leurs actions sur l’environnement et la santé alors que les rapports internes de leurs propres expert.e.s scientifiques rejoignaient les conclusions du GIEC. Cette industrie a choisi d’ignorer ces rapports et les dommages, parfois irréversibles, engendrés par leurs activités, en particulier dans les pays du Sud : pertes de vies humaines, destruction d’écoles et de routes, déplacements de populations forcés, … En 20 ans, les 55 pays les plus vulnérables au changement climatique ont subi au total 500 milliards de dollars américains de pertes liées aux chocs. Les profits des entreprises fossiles sur cette même période auraient pu couvrir 60 fois ce coût (3) ! Sans oublier que ces entreprises continuent de bénéficier allègrement de subventions publiques : elles reçoivent plus de 500 milliards de dollars par an de la part des gouvernements du G20 (2)!
OUI MAIS COMMENT ?
En 2022, lors de la COP27 en Égypte, nous avons remporté une première victoire ! Les États ont pris la décision de créer un Fonds dédié aux pertes et dommages pour aider financièrement les pays les plus vulnérables au changement climatique, touchés de plein fouet par des cyclones, inondations, sécheresses ou la montée inéluctable du niveau des océans. Lors de la COP28, les États ont la lourde tâche de transformer l’essai en se mettant d’accord sur le fonctionnement du Fonds, notamment qui pourra en bénéficier et qui devra abonder au fonds. Et justement, taxer les entreprises des énergies fossiles permettrait de collecter une partie de l’argent nécessaire pour l’approvisionner. Il faut sans attendre trouver des solutions concrètes pour mobiliser d’importants volumes financiers et que ce fonds ne soit pas une coquille vide. Il serait possible de taxer l’extraction des énergies fossiles, les superprofits engrangés par les industries fossiles ou l’exportation des ressources fossiles. De telles taxes pourraient générer entre 200 (3) et 300 milliards de dollars (4) par an.
Il ne s’agit pas de solidarité ou de charité mais bien d’une dette que ces entreprises ont envers les populations du Sud et le reste de l’humanité. Taxer les entreprises fossiles est indispensable pour atteindre une véritable justice climatique.
AUJOURD’HUI, NOUS DEMANDONS AUX LEADERS POLITIQUES DE TAXER LES ENTREPRISES DES ÉNERGIES FOSSILES. FAISONS PASSER NOS VIES AVANT LEURS PROFITS !
Le temps presse. Nous porterons cette pétition lors de la prochaine COP28 qui se tiendra du 30 novembre au 12 décembre à Dubaï, aux Emirats Arabes Unis. Signez aujourd’hui la pétition et ensemble faisons entendre nos voix.
Liste des associations signataires :
- Action Non-Violente COP21 (ANV-COP21)
- Alternatiba
- CARE France
- CARE International
- Climate Action Network International
- Greenpeace France
- Greenpeace International
- Oxfam France
- Réseau Action Climat France
- Terre des Hommes France
- 350.org
Sources :
(1)
https://www.energymonitor.ai/finance/big-oil-profits-soared-to-nearly-200bn-in-2022/
(2)
https://www.iisd.org/system/files/2020-11/g20-scorecard-report.pdf
(3)
https://www.theguardian.com/environment/2023/may/19/fossil-fuel-firms-owe-climate-reparations-of-209bn-a-year-says-study
(4)
https://www.stampoutpoverty.org/live2019/wp-content/uploads/2019/06/CDT_guide_web23.pdf